Votée à l’unanimité par l’Assemblée nationale le 4 décembre 2023, la loi sur l’interdiction des cigarettes électroniques jetables puffs a été validée, unanimement également, ce mercredi 7 février 2024 par le Sénat. Dernière étape désormais : Bruxelles, où l’Europe aura six mois pour approuver la mesure française.
Interdiction des puffs : le Sénat rejoint l’avis unanime de l’Assemblée
En décembre dernier, l’Assemblée nationale a envoyé un message fort contre les puffs, en votant leur interdiction à l’unanimité, par 104 voix. Ce 7 février 2024, c’était au tour du Sénat de lui emboiter le pas, « considérant que ces dispositifs représentent un risque sérieux pour la santé des adolescents » (1).
Car, loin de s’arrêter à ses malheureux effets environnementaux, effectivement indéfendables, députés comme sénateurs ont préféré axer leur argumentaire autour du danger qu’elles représenteraient pour la santé publique, et particulièrement pour les jeunes.
Lors de son intervention au Sénat pour l’interdiction des puffs, la ministre de la Santé Catherine Vautrin a d’ailleurs très bien résumé l’opinion qu’elle se faisait de la vape, invitant son auditoire à « agir résolument face aux nouvelles tendances dont font partie les produits de vapotage »…
Dangers des puffs : ce faux débat qui lui colle à la peau
« La puff n’est pas un dispositif de sevrage », a affirmé Catherine Vautrin au Sénat, ce mercredi 7 février 2024. De tels dispositifs ne sont « pas nécessaires à la politique de lutte contre le tabagisme », et plus encore, ils « peuvent même avoir un effet délétère » sur elle, nous disent encore les députés signataires dans l’exposé des motifs de la loi (2). En cause notamment, leur apport en nicotine et en saveurs, deux éléments qu’on retrouve pourtant dans bon nombre de substituts nicotiniques officiels, sans que cela ne dérange…
Et plus encore : leurs packagings colorés, qui leur confèrent un attrait volontairement « piégeux », menant ainsi la jeunesse française vers le tabac fumé.
Étrange, lorsque l’on sait que ce fameux mythe de l’effet passerelle a été réfuté partout où il a été minutieusement étudié…
Le célèbre Institut national de recherche britannique sur la santé et les soins (NIHR) se trompe-t-il alors, lorsqu’il conclut son étude internationale de septembre 2023 par : « les produits alternatifs à la nicotine concurrencent les cigarettes plutôt que de promouvoir le tabagisme ».
De même que ces chercheuses américaines, qui ont suivi l’évolution du tabagisme chez les jeunes Américains de 1991 à 2022 et ont ainsi déclaré : « Les inquiétudes concernant une augmentation potentielle de la consommation de cigarettes chez les adolescents suite à l’introduction des cigarettes électroniques sur le marché américain au début des années 2010 ne sont pas étayées par les données ». Et ont au contraire découvert que « l’émergence des cigarettes électroniques a coïncidé avec la baisse la plus rapide de la consommation de cigarettes au cours des trente dernières années ».
Des institutions françaises comme l’Institut national du cancer (INCa) et l’Institut pour la recherche en santé publique (IRESP) se méprennent-elles également lorsqu’elles démontrent qu’aucun effet passerelle n’a été détecté dans la Loire, chez les jeunes lycéens, après plus de deux ans d’enquête. Jusqu’à nos experts en tabacologie et addictologie, qui ont réfuté plus de 23 publications mensongères sur l’effet passerelle – pourtant reprises par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) !
Comme nous l’a très bien expliqué le Dr Anne Borgne, tabacologue depuis plus de 30 ans, lors de son passage dans Chesterview, « les jeunes fument moins, parce qu’ils vapent ».
Un point de vue également partagé par le Dr William Lowenstein, précurseur de l’addictologie en France, qui a déploré dans les colonnes du Journal Du Dimanche (JDD) : « Il est plus facile d’interdire la puff que de la réguler, voire de l’améliorer. La vape est le meilleur moyen de sevrage ou de sortie du tabac fumé. J’aurais aimé que l’Assemblée nationale en tienne compte ».
Malheureusement, il semble que ni les députés ni les sénateurs ne soient enclins à écouter…
Interdiction des puffs : à l’Union européenne de trancher
Pour contrer ce faux débat et inviter nos politiques à revoir leurs idées préconçues sur les puffs, il reste néanmoins un dernier espoir : l’Europe. C’est à elle que revient la décision finale, en approuvant ou non l’adoption d’une telle mesure en France.
Dans les six mois à venir, la France devra ainsi fournir des preuves tangibles, attestant d’un risque sanitaire sérieux pour la population. Et, à l’approche de la révision de la Directive européenne sur les produits du tabac (TPD), la réponse de l’UE pourrait bien venir présager de l’avenir de la vape tout entière.
Car, à l’heure actuelle, les puffs sont loin d’être les seules à être dans le collimateur du gouvernement français. Elles semblent seulement lui fournir le parfait prétexte pour enclencher de prochaines mesures restrictives contre la vape, au travers du programme de lutte contre le tabagisme (PNLT). Taxation, paquet neutre et limitation des arômes, voilà ce qui attend très certainement la France si l’UE lui ouvre la voie.
Aussi, il apparait essentiel de faire rempart à cette désinformation grandissante. Via la plateforme jesuisvapoteur.org, trois clics suffisent pour contacter et sensibiliser les élus français aux véritables enjeux de la vape en France. Alors, n’attendez pas !
Sources :
(1) Rapport législatif n°304, Proposition de loi visant à interdire les dispositifs électroniques de vapotage à usage unique, [consulté le 9 février 2024]. URL : https://www.senat.fr/rap/l23-304/l23-304_mono.html
(2) Proposition de loi n°464 visant à interdire les dispositifs électroniques de vapotage à usage unique, Assemblée nationale, version PDF téléchargeable